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10.08.2009
Antoine Hervé and Médéric Collignon : "L'Invention du Swing", a french show dedicated to Louis Armstrong
The french pianist Antoine Hervé and the trumpeter Médéric Collignon.
I reproduce below the chronicle the french jazz journalist Guillaume Lagree wrote about the show Antoine and Médéric given in tribute to Louis Armstrong the 6th October 2009
Visit the excellent Guillaume's blog if you are lucky to speak french : http://lejarsjasejazz.over-blog.com/article-37140432.html
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Louis Armstrong, l'invention du Swing
Mardi 6 octobre 2009. 19h30. Paris. Auditorium Saint Germain des Prés.
Leçon de Jazz d’Antoine Hervé.
Louis Armstrong, l’invention du Swing.
Antoine Hervé : piano
Médéric Collignon : cornet de poche, euphonium (saxhorn)
Véronique Wilmart : électro biglophone
Les frères Moutin ne sont pas là ce soir. Antoine Hervé présente l’époque, la Jazz Era (les années 1920), en lisant un texte d’Alain Gerber.
« Struttin with some barbecue ». Duo piano/cornet. Ils jouent le Swing années 20, bien dans l’esprit. Médéric respecte sa partition, joue clair, brillant. Antoine Hervé en solo, dans le style d’Earl Hines. Médéric scatte sur le piano. Il fait aussi la walkin bass d’époque.
Antoine raconte l’enfance de Louis Armstrong, son séjour en maison de correction où il apprit la musique. « Sweet Sue, just You ». C’est un blues. Médéric joue de l’euphonium, le plus petit des tubas, dont le son est proche du bugle, chaud et velouté. Je connaissais ce morceau sous forme rapide et joyeuse. Ici, c’est un Blues lent. Pour comparer, écouter le duo Louis Armstrong/Earl Hines sur « Weather Bird ». Médéric chantonne l’air pendant qu’Antoine trille au piano. Tout en restant fidèle au thème, Médéric fait du Collignon.
« Je viens d’une ville où tout le monde rit, chante, danse et tape du pied » (Louis Armstrong). Cette ville, c’est la Nouvelle Orléans, modèle de démocratie musicale. En 1894, la ségrégation est adoptée par la mairie de la Nouvelle Orléans. Les Créoles, métis baignés de musique classique européenne doivent quitter le Downtown pour s’installer avec les Noirs Uptown. La rencontre de ces deux communautés donne naissance au Jazz.
« Do You know what it means to miss New Orlans ? ». Médéric a mis la sourdine. C’est dansant et nostalgique à la fois. Version brève et dense.
Avec sa voix, Médéric nous joue le trombone de Kid Ory ( Ory’s creole trombone) avec de grands effets de tailgate (la queue d’alligator c’est-à-dire la coulisse du trombone).
1923 : Louis Armstrong est à Chicago où il joue dans l’orchestre de King Oliver. « I found a new baby ». Morceau swing, joyeux au cornet de poche. Médéric joue de la batterie new orleans (basée sur des rythmes d’origine congolaise) en scattant. Il reviste le scat, inventé par Louis Armstrong improvisant sur les paroles d’Heepers Jeeppers. C’est un hommage, pas de la copie.
1924 : Louis Armstrong enregistre à New York avec l’orchestre de Fletcher Henderson, Bessie Smith (surnommée l’impératrice du Blues. Leur version de « Saint Louis Blues » est la plus belle jamais enregistrée), Sidney Bechet.
1925 : Louis Armstrong devient leader poussé par son épouse, Lil Harding, pianiste. Il revient à Chicago crée le Hot Five, le Hot Seven, devient chanteur.
« Savoy Blues ». Le Savoy, salle de danse (ball room) à qui Count Basie dédia « Stompin at the Savoy ». Le cornet est bouché, ça swingue sec et cool. Je ne cesse de battre la mesure du pied. C’est bon signe. Médéric nous explique qu’il chante parce que c’est un prolongement de son expression et que ça la repose du jeu de trompette. Sans la sourdine, le cornet sonne plus clair, plus aigre. Médéric nous joue l’orgue à chiens puis l’orgue à chats, aboyant puis miaulant en rythme.
Véronique Wilmart nous fait écouter quelques notes du solo introductif de Louis Armstrong sur un de ses chefs d’œuvre « West End Blues ». Antoine nous lit ensuite la critique très élogieuse de Gunther Schuller sur ce solo.
1928 : Earl Hines remplace Lil Hardin au piano. Seul le duo Charlie Parker/Dizzy Gillespie est aussi essentiel dans l’histoire du Jazz que celui de Louis Armstrong avec Earl Hines.
« Basin Street Blues » que Louis Armstrong aimait jouer et chanter avec son complice Jack Teagarden (trombone). Il décrit une rue de la Nouvelle Orléans. C’est un morceau particulièrement lazy comme on dit dans le Sud. Version fidèle tant dans le thème que dans l’esprit. Médéric scatte la batterie aux balais. Un seul regret : Médéric ne chante pas les paroles de la chanson. Ils s’amusent bien et nous régalent.
Médéric nous fait ensuite une démonstration du son à la Louis Armstrong. Très large, très puissant. Louis pouvait faire 3 concerts par jour. A 70 ans, en se plaçant à 3m du micro, il était encore capable de couvrir tout l’orchestre sur une note. Louis affranchit le soliste, invente le chorus, le swing. Il joue hot.
« Tin roof blues ». Blues avec un gros vibrato au cornet. C’est le growl. Médéric nous fait même du wah wah avec la main gauche sur le pavillon du cornet. Ils y sont les gars. Ils ont attrapé le virus du Blues et nous le transmettent. Médéric s’amuse à crier, à chanter le Blues des Ardennes.
« Pourquoi souriez vous toujours ? » demandait-on à Louis Armstrong.
« Parce que je suis payé pour ça » était sa réponse.
Antoine Hervé nous explique le trumpet piano style d’Earl Hines, ex trompettiste devenu pianiste, le meilleur accompagnateur de Louis Armstrong. Ils jouent « High Society », un morcau vif, joyeux, qui sent la fête. Le cornet pète le feu et le piano sautille. Solo de piano accompagné du scat qui alterne contrebasse et batterie.
Louis Armstrong était très attentif au public et avait le souci d’être entouré de musiciens plus faibles que lui pour paraître le meilleur. Il faut ajouter qu’il avait le plus gros manager et le plus contrat du show business aux Etats Unis mais qu’il ne choisissait pas ses accompagnateurs. Evidemment quand il quittait ses sidemen habituels pour enregistrer avec Duke Ellington (cf l’album Louis and Duke) ça sonne bien mieux.
« What a wonderful world » morceau qui permit à Louis Armstrong de trôner en tête du Bill Board (le hit parade aux USA) pendant plusieurs semaines en 1968, devant les Beatles. Antoine est au piano et Médéric improvise sur le thème avec la voix. Comme il peut beaucoup, parfois Médéric en fait trop alors qu’à d’autres moments il est simplement parfait.
Leçon de Jazz à l’image de Louis Armstrong : simple, ludique, touchante, vivante.
J’y ajouterai deux anecdotes qui n’y figuraient pas.
Louis Armstrong enregistra son dernier album en 1970 sous la direction de l’arrangeur Oliver Nelson. Il y joue et chante « The Creator has a master plan » de Pharoah Sanders, saxophoniste free jazz. Plus étonnant encore, dans le chœur qui chante derrière Louis figurent Ornette Coleman et Miles Davis venus lui rendre hommage.
Un jour, en Angleterre, un journaliste demanda à Louis Armstrong :
« Monsieur Armstrong, pouvez nous expliquer ce qu’est le Swing ? »
« Si tu le demandes, c’est que tu ne le sauras jamais, mec » répondit Louis en éclatant de rire.
Place maintenant à l’improvisation.
Véronique Wilmart s’installe derrière son électro biglophone, hommage au Biglotron de Pierre Dac. Si vous ne savez pas ce que c’est, sachez qu’il y a un ordinateur portable avec une pomme dessus. Mais il n’y a pas que ça. Pour en savoir plus, venez à la prochaine leçon de Jazz d’Antoine Hervé.
La voix de Louis Armstrong parlant pour commencer, remixée. Piano et cornet commencent à improviser dessus. Le son du cornet est prolongé par l’électronique. Phrases brèves, répétitives de piano. Médéric fait aussi des percussions avec son cornet à pistons. Après un petit scat, Médéric passe à l’euphonium. Furtive citation de Caravan au piano. Une boucle rythmique avec des sons aquatiques et la voix de Louis passe dans l’air. Un haut parleur tombe sur la scène. Ce bruit là n’était pas prévu. Médéric scatte doucement.
Ca se termine vivement et joyeusement comme toute cette leçon de Jazz consacrée à Louis Armstrong.
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